Non à la pantalonnade du 15 décembre !
SUD éducation Ain, qui revendique l’égalité de salaire pour tous les travailleurs de l’Éducation nationale, s’est toujours opposé à la notation, aux inspections infantilisantes et à l’évolution différenciée des carrières. Nulle évaluation extérieure et individuelle ne saurait en effet contribuer à l’amélioration du travail pédagogique, qui nécessite des décharges horaires favorisant des temps de concertation, ainsi qu’une formation universitaire régulière et volontaire. C’est pourquoi nous appelons les enseignants à refuser l’inspection, au seul risque d’être sanctionnés par une « absence de note » (Circulaire Savary du 13 xii 1983) : le Conseil d’État a en effet rappelé (xi 1993) que « l’inspection n’a pas de base juridique, car elle n’est pas prévue par un texte comme un décret ou une loi ».
Le récent projet de contre-réforme des modalités d’évaluation des personnels d’enseignement, d’éducation et d’orientation, qui est directement inspiré des méthodes de management capitalistes, est certes pire encore que le dispositif actuel : en niant la dimension pédagogique et disciplinaire de nos métiers, il abolit les spécificités de nos pratiques éducatives et fait de nous des garde-chiourmes interchangeables ; en aggravant le pouvoir du chef d’établissement, il favorise la caporalisation et le clientélisme tout en préparant la territorialisation des fonctionnaires d’État. Mais Charybde ne doit pas faire oublier Scylla : il est ainsi scandaleux, de la part de syndicats soi-disant progressistes, de suggérer (Communiqué intersyndical du 18 xi 2011), qu’avec l’inspection actuelle, « le travail en classe avec les élèves » soit au premier plan ! Ce qui y est en effet au premier plan, c’est déjà la soumission à une hiérarchie dépourvue de toute légitimité.
Nous ne contestons pas qu’il faille se mobiliser contre ce projet de contre-réforme (la plupart d’entre nous sera même en grève le 15 xii), mais nous voulons inscrire cette mobilisation dans un cadre plus général : celui de la lutte contre l’infantilisation et la larbinisation des personnels de l’Éducation, l’autonomisation progressive des établissements scolaires, la privatisation des services publics et la soumission de toute la société aux diktats du capital. Cette contre-réforme est partie prenante d’une politique ultra-libérale et oppressive qui dépasse de loin le cadre étroit des établissements scolaires : elle doit donc être combattue sur le terrain intercatégoriel et interprofessionnel !
Que nous propose cependant « l’intersyndicale éducation » ? Une misérable pétition, une pauvre grève carrée de 24h le surlendemain d’une journée d’action interpro et l’avant-veille des vacances, et un énième défilé mortuaire vers la préfecture ! Pas la moindre AG de grévistes, aucune perspective de lutte sinon, peut-être, une nouvelle journée de grève, plus tard, en 2012... N’en déplaise aux centrales syndicales, il n’y a pas là de quoi faire trembler nos gouvernants : ils se gausseront bien plutôt de cette pantalonnade ! Un tel simulacre de lutte ne saurait aboutir qu’à désespérer encore un peu plus le monde enseignant.
SUD éducation Ain, en désaccord avec « l’intersyndicale éducation » sur le fond du problème de l’évaluation des personnels comme sur la forme de la mobilisation, n’appelle donc pas à participer à la nouvelle pantalonnade du 15 décembre 2011.